François Hollande et le roi du Maroc Mohammed VI à Bamako en septembre 2013. — PDN/SIPA

MONDE

Pourquoi les relations entre le Maroc et la France sont-elles tendues?

La visite de Nicolas Hulot a été annulée ce lundi, après que François Hollande a été obligé de téléphoner à Mohamed VI pour s'expliquer...

«La protection de la planète: un enjeu universel», mais pas au point de résister aux tensions diplomatiques entre le Maroc et la France. La conférence de Nicolas Hulot, envoyé spécial du président de la République pour la planète, qui devait se tenir lundi à Rabat a été annulée en raison d’un froid entre le Maroc et la France. Retour sur une série d’incidents diplomatiques qui ont rafraichi les liens entre Rabat et Paris.

Jeudi 20 février: Dépôt de plainte pour «complicité de torture»

Le 20 février, l'ONG Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat) dépose deux plaintes pour «complicité de torture» contre le patron du contre-espionnage marocain, Abdellatif Hammouchi. L'une des deux plaintes a été déposée au nom d'un militant pour l'autodétermination du Sahara occidental, une région contrôlée par le Maroc mais revendiqué par les indépendantistes du Polisario, condamné en 2013 à 30 ans de prison et qui dit avoir signé des aveux sous la torture.

Sept policiers français se rendent dans la journée de jeudi à la résidence de l’ambassadeur du Maroc à Paris pour notifier à Abdellatif Hammouchi sa convocation devant le juge d'instruction. Les autorités marocaines n’apprécient pas que la France passe outre les moyens diplomatiques pour signifier sa convocation à ce haut responsable marocain.

Samedi 22 février: Le Quai d’Orsay tempère l’affaire

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères tente d'apaiser les tensions, évoquant un «incident regrettable» sur lequel «toute la lumière» serait faite. Mais cela ne suffit pas à faire décolérer le Maroc, qui juge cette démarche insuffisante et décide unilatéralement de «reporter» une visite de Nicolas Hulot au royaume, prévue lundi et mardi.

Dimanche 23 février: Une nouvelle plainte déposée, Javier Bardem s’en mêle

Une nouvelle plainte pour «torture» est déposée en France contre le patron du contre-espionnage marocain par l'avocat d'un ancien champion de boxe light-contact, Zakaria Moumni, condamné et détenu pendant 17 mois au Maroc entre 2010 et 2012. Les autorités marocaines ne réagissent pas officiellement à ce nouveau cas, mais dénoncent des propos que l'ambassadeur de France à Washington aurait tenus lors d’un entretien avec l'acteur espagnol Javier Bardem, producteur d'un documentaire sur le Sahara: le Maroc est une «maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n'est pas particulièrement amoureux mais qu'on doit défendre», aurait affirmé en 2011 le diplomate, selon Javier Bardem. Le Quai d'Orsay dément catégoriquement mais Rabat a déplore des propos «scandaleux et inadmissibles».

Lundi 24 février: François Hollande appelle Mohammed VI

Pour calmer le jeu entre les deux pays, François Hollande contacte le roi du Maroc Mohammed VI lundi soir par téléphone. Le Palais royal marocain affirme que cet entretien a permis d’apporter des «clarifications» et qu’à la lumière de celles-ci «les deux chefs d'Etat ont convenu de poursuivre les contacts durant les prochains jours au niveau des deux gouvernements, et d'œuvrer dans l'esprit des relations d'exception qui lient le Maroc et la France».

De son côté l’Elysée a précisé que François Hollande avait téléphoné à Mohammed VI «pour dissiper tous les malentendus et assurer le roi de l'amitié constante entre la France et le Maroc» . François Hollande a affirmé également sa volonté de «renforcer le partenariat entre les deux pays. L'échange s'est déroulé dans une tonalité de confiance et de détermination à réaffirmer l'amitié entre la France et le Maroc». Malgré cela, Nicolas Hulot devra remettre à plus tard sa conférence sur l’environnement à l'Université internationale de Rabat (UIR).

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