Le pape François en visite au Maroc, terre d'un « islam modéré »

Cette visite de deux jours du pape est « placée sous le signe du développement du dialogue interreligieux », expliquent les autorités marocaines.

Source AFP

Le pape va donner la plus grande messe catholique jamais célébrée au Maroc, avec quelque 10 000 personnes attendues.

Le pape va donner la plus grande messe catholique jamais célébrée au Maroc, avec quelque 10 000 personnes attendues.

© ANDREAS SOLARO / AFP

Temps de lecture : 4 min

Le pape François entame samedi une courte visite au Maroc, centrée sur le dialogue avec l'islam et la problématique des migrations, deux priorités de son pontificat, avant de saluer le lendemain une communauté catholique ultra-minoritaire portée par les fidèles originaires d'Afrique subsaharienne. L'avion transportant le souverain pontife a décollé à 10 h 45 de Rome et doit atterrir vers 14 heures à Rabat, la capitale du Maroc. Le chef spirituel des 1,3 milliard de catholiques a été invité par Mohammed VI, roi du Maroc et «  Commandeur des croyants  », pour cette visite «  placée sous le signe du développement du dialogue interreligieux  », selon les autorités marocaines. Un thème prioritaire pour le pape, même si les scandales d'abus sexuels dans l'Église catholique focalisent l'attention du public.

La newsletter international

Tous les mardis à 11h

Recevez le meilleur de l’actualité internationale.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Bâtiments repeints, rues pavoisées, pelouses tondues, forces de l'ordre renforcées... Tout a été fait pour recevoir le souverain pontife en grande pompe à Rabat, capitale d'un pays à 99 % musulman. Le roi accueillera le pape à sa descente d'avion avec, comme le veut la tradition, des dattes et du lait d'amande. Les deux hommes se rendront ensuite en cortège, l'un en papamobile, l'autre en limousine, sur une grande esplanade de Rabat bordée par une mosquée et un mausolée. Quelque 25 000 personnes sont attendues près de l'esplanade, où les discours des deux hommes seront retransmis sur des écrans géants.

Lire aussi Religion : ces Subsahariens qui bouleversent les Églises du Maroc

«  Un événement très significatif  »

Après un tête-à-tête avec Mohammed VI au palais royal, le pape se rendra à l'Institut de formation des imams qui accueille des Marocains et des étrangers d'une dizaine de pays, dont la France. Ils sont 1 300 étudiants, hommes et femmes, à suivre des cursus dans cet établissement, fer de lance de «  l'islam modéré  » prôné par le roi. «  C'est un événement très significatif, la première fois qu'un pape est accueilli dans un institut de formation d'imams  », a souligné avant la visite le porte-parole du souverain pontife, Alessandro Gisotti, alors que le pape François dénonce régulièrement toute forme d'extrémisme religieux.

Le roi et le pape ne prendront pas la parole, mais écouteront les témoignages de deux étudiants, l'un d'Afrique, l'autre d'Europe, ainsi qu'une déclaration du ministre marocain des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq. Un concert de musiques puisées dans le répertoire des traditions islamiques, juives et chrétiennes est également prévu. En février, lors d'une visite historique aux Émirats arabes unis, le pape et le grand imam de l'institution de l'islam sunnite Al-Azhar au Caire, cheikh Ahmed al-Tayeb, avaient cosigné un «  document sur la fraternité humaine  », appelant notamment à la liberté de croyance et d'expression et à la pleine citoyenneté pour les «  minorités  » discriminées.

Le pape ne manquera pas d'évoquer ce document qu'il distribue désormais à tous les chefs d'État, selon Alessandro Gisotti. Le texte valorise «  la culture de la tolérance  », sans toutefois aller jusqu'à admettre le droit à ne pas adhérer à une religion. Au Maroc, où l'islam est la religion d'État, les autorités aiment souligner la «  tolérance religieuse  » qui permet aux chrétiens étrangers et aux juifs d'exercer librement leur religion.

Reste que pour les Marocains considérés automatiquement comme musulmans quand ils n'appartiennent pas à la communauté juive, l'apostasie est désapprouvée par la société et le prosélytisme en faveur d'une autre religion condamné par la loi. Si le renoncement à l'islam n'est pas explicitement mentionné dans le Code pénal, ceux qui sont soupçonnés d'«  ébranler la foi d'un musulman ou de le convertir à une autre religion  » peuvent être poursuivis. Longtemps dans l'ombre, la petite minorité des convertis plaide ouvertement depuis 2017 pour vivre sa foi «  sans persécution  » et «  sans discrimination  ».

Lire aussi Mgr Jacques Gaillot : « L'Église est appelée à renaître »

Une messe devant 10 000 personnes

En fin de journée samedi, le pape François rencontrera des migrants dans un local de l'ONG catholique Caritas, qui gère des centres d'accueil destinés à soulager la misère de ceux qui tentent de rallier le continent européen. La route via le Maroc vers l'Espagne est devenue ces dernières années la principale voie des migrants venant des pays subsahariens, du fait notamment de la fermeture du trajet via la Libye.

En 2017, les trois centres d'accueil de Caritas ont reçu 7 551 nouveaux arrivants, selon l'organisation. Le royaume marocain revendique une politique «  humaniste  » centrée sur la régularisation des migrants et rejette les critiques des défenseurs des droits humains qui ont dénoncé ces derniers mois des «  campagnes d'arrestations brutales  » et des «  déplacements forcés  » de migrants vers le sud du pays.

Dimanche, le pape consacrera sa journée à la petite communauté catholique du pays, en clôturant sa visite par la plus grande messe catholique jamais célébrée au Maroc, avec quelque 10 000 personnes attendues dans un complexe sportif.

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation

Commentaires (11)

  • Timéo Danaos

    L'intolérance, surtout chez les ennemis de la chrétienté... Très fort ; les catholiques du monde entier sont très fier de son courage... Politique.

  • mamyenonnon

    Il n'y a qu'un Islam, et qu'un livre saint, c'est le Coran ! Tous les qualificatifs sont des leurres

  • voltairius

    Elle nous montre les rides profondes de la figure d'un vieil homme écrasée par un chapeau blanc immense, tellement haut... Il est en "terre d'Islam" que connait très bien un autre père jésuite, Henri Boulad, mais les soldats de Dieu étant divers, peut-être ne se fréquentent -t'ils pas.